Adam Turner, alias Beat Assailant, devait être aux anges ce samedi. Ce floridien expatrié, amoureux inconditionnel de la France où il réside depuis 2001, n’a pu que constater l’engouement des « froggies » pour son rap fusion tout en nuances.

Le public nancéien réuni à L’Autre Canal samedi soir a totalement adhéré à la volonté de Beat Assailant et ses acolytes de faire du live pur et dur. Du rap consistant et créatif qui va au-delà du sempiternel dialogue MC/DJ. Car Beat Assaillant est loin de se réduire à son chanteur. 9 musiciens, français pour la plupart, habillent ses légendes urbaines douces-amères de couleurs tantôt funky tantôt soul. Le groupe fait preuve d’un esprit « rock » qui l’inscrit clairement dans la case rap festivalier, dans la lignée de Common période Electric Circus . On pense plus à l’agitation funky de Sly & The Family Stone qu’aux brûlots gansgsta rap de NWA. La joyeuse bande s’adonne d’ailleurs avec un plaisir non dissimulé à l’échangisme musical. Le saxophoniste baraqué en marcel cintré s’empare de temps à autre d’une guitare. Le choriste sosie de Terrence Howard a droit à son morceau solo. Sa charmante comparse tâte aussi bien de la 4 que de la 6 cordes quand l’envie lui prend, laissant le bassiste la remplacer au micro.

Toute notion d’egotrip est ici balayée. Beat Assailant le rappeur a la grande sagesse de parfois s’effacer derrière son impressionnant backing band. Un bal dansant gentiment révolté qui pourrait décontenancer le pur amateur de hiphop. Les plus ouverts par contre ne peuvent que constater la parfaite harmonie entre le groupe et son leader, toujours à mi-chemin entre débit agressif à la RZA et rap chanté plus proche d’un Pharell Williams. S’il roule parfois des mécaniques dans son t-shirt moulant, ce n’est pas pour se donner de la contenance. Juste une façon d’être, que confirme la générosité avec laquelle il a débité ses lyrics pendant près de deux heures.

Voici quelques vidéos pour vous faire une idée des lives tonitruants du collectif.