Après une semaine où les tensions internes ont été exacerbées, Europe Ecologie les Verts (EELV) se retrouve cette après-midi à 14h pour un conseil fédéral qui s’annonce tendu. D’autant que la division ne se limite pas aux membres du parti mais s’étend aux sympathisants écologistes. Ils sont 85% à penser que le départ du gouvernement est une mauvaise chose (sondage BVA pour iTV-CQFD et Le Parisien – Aujourd’hui en France). Remobilisation des troupes et vote de confiance sont au programme.

Le refus du bureau exécutif d’EELV de participer au gouvernement n’a pas fait que des heureux. Si 41% des sympathisants de gauche et 50% de ceux du PS considèrent que c’est une « bonne chose », ceux d’EELV et les parlementaires sont loin de partager cette façon de penser. Les réactions de députés et sénateurs se sont multipliées cette semaine dans les médias. Parmi eux, Jean-Vincent Placé, président du groupe EELV au Sénat. Il aurait pu espérer une place à la tête d’un ministère et fait donc partie des grands perdants de ce refus de présence au gouvernement. Interrogé ce matin sur France Inter, il a reconnu être « favorable à la participation » et penser ne pas être « le plus mauvais pour agir ». Mais avant le conseil fédéral, c’est un front uni que le parti veut afficher. Le sénateur a avoué ne pas être enthousiasmé par cette décision mais affirme être « solidaire ».

Un refus inexplicable ?

Difficile de justifier une décision qui fait suite à des promesses sérieuses et solides de Manuel Valls. Alors qu’il offrait aux écolos des garanties concernant l’exploitation du gaz de schiste, une réforme sur la proportionnelle et surtout les clés pour la transition énergétique, ce refus pose la question de la raison d’être des Verts. L’économie et le social sont-ils vraiment les thèmes dont ils devraient s’inquiéter ? L’écologie, en tout cas, se fera sans eux au gouvernement. Une aberration pour certains que Pascal Canfin tente de justifier. Ce matin, c’est au micro d’Europe 1 qu’il s’expliquait : « Nous préférons démissionner plutôt que nous accrocher à nos responsabilités […] C’est tout à notre honneur de privilégier le fonds aux postes. » Selon lui, la politique du président de la République dans son ensemble ne peut être soutenue par EELV. Lorsque les promesses de Manuel Valls sont évoquées, il affirme qu’elles ne sont pas suffisantes. Investir dans la transition énergétique alors que des coupes de 50 milliards d’euros dans les dépenses sont prévues lui semble impossible. Malgré les propos de ses collègues rapportés par la presse, il n’est pas inquiet quant à une éventuelle scission du parti. Il s’agit, selon lui, d’une déception de la part de ceux qui pouvaient accéder à un poste au gouvernement : « c’est la nature humaine, je ne leur en veux pas ».

Être ou ne pas être dans l’opposition ?

Outre ces mésententes en interne, c’est la question de la confiance au gouvernement qui sera abordée cette après-midi. Une situation complexe pour le parti qui ne veut pas se positionner dans l’opposition. Mais après avoir refusé d’être à la tête d’un ministère, apporter sa confiance à la majorité serait perçue comme une contradiction difficile à expliquer.   « Proposer un chemin alternatif […] mais sans tomber dans une opposition systématique », c’est ainsi que Pascal Canfin envisage le futur d’EELV. Si le sujet sera discuté lors du conseil fédéral aujourd’hui, la réception par Manuel Valls de François de Rugy, de Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili  sera décisive. Si le Premier Ministre confirme ses intentions concernant les OGM ou le gaz de schiste, Jean-Vincent Placé « serait favorable » au fait de lui accorder la confiance.

Une situation complexe qu’il faudra régler rapidement si les Verts veulent être prêts pour les Européennes. Une élection qui leur réussit habituellement et pour laquelle ils devront remotiver des militants, qui se sentent marginalisés après ce départ du gouvernement.