Une affiche lors d'une manifestation contre le viol

Alors que le sexisme est de plus en plus dénoncé et décrié, Marie-Laure Vautrin, déléguée départementale aux Droits des femmes et à l’Egalité revient sur le concept de culture du viol, malheureusement prégnant dans notre société.

Un regard insistant, un geste déplacé, un baiser forcé… Et puis quoi, après ? Une chambre, un lit, des vêtements arrachés…Un viol.

Aujourd’hui en France,  près de 40% de la population considère que la responsabilité du violeur est atténuée* si la victime a une « attitude provocante. » C’est ce que l’on appelle la culture du viol. Marie-Laure Vautrin est déléguée départementale aux Droits des femmes et à l’Egalité. Les violences et disparités de traitement entre les deux sexes font parties de son quotidien. Elle revient sur cette notion. « Le terme de culture du viol est née aux Etats-Unis dans les années 1970 », indique-t-elle. C’est Alexandra Rutherford, une sociologue canadienne, qui décide d’expliquer les liens qu’il y a entre la société et les rapports sexuels non consentis. En 1975, la notion sera popularisée avec le documentaire Rape Culture.

Déléguée départementale à l'égalité homme-femme, Marie-Laure Vautrin s'exprime sur la culture du viol.
Déléguée départementale à l’égalité homme-femme, Marie-Laure Vautrin s’exprime sur la culture du viol.

Dans ses travaux, la sociologue illustre le fait que certaines cultures minimisent l’acte, ne le reconnaissent pas en tant que tel ou nient son existence. Ainsi, il y a 40 ans, quand le concept commence à être connu, la majorité de Américains pensaient que des faits comme le viol ou l’inceste étaient rares, isolés. En 2016, dans l’Hexagone, près de 41% de la population sous-estime encore le nombre de viols*. « La culture du viol s’inscrit dans la logique d’une société patriarcale, qui se rapporte aux rapports de dominations hommes et femmes », ajoute Marie-Laure Vautrin.

Un schéma comportemental pour expliquer la culture du viol

La notion met également en lumière le schéma comportemental transmis d’une génération à l’autre. Il montre que les attentes de la société diffèrent selon que l’on est un homme ou une femme. La culture du viol serait alors une part de notre société, qu’on le veuille ou non. Elle englobe la façon dont on reconnaît et qualifie une agression sexuelle jusqu’à son jugement et les sanctions encourues. Tout cela s’inscrit dans la culture du viol. « La notion recoupe aussi les mythes, les stéréotypes », poursuit la déléguée départementale. « Par exemple, on associe souvent les agressions sexuelles à la nuit, des ruelles sombres… En réalité, les chiffres montrent que dans 9 cas sur 10**, les victimes connaissaient leur agresseurs. »

La culture du viol est un concept sociologique et, tout comme la société, il évolue. Durant les dernières années, Marie-Laure Vautrin a vu des changements. « Plus de femmes s’expriment sur le sujet. La formation des professionnels se modifie également, notamment pour les forces de l’ordre qui recueillent les victimes. »

La déléguée pointe également une autre mesure qui pourrait changer les choses. « L’égalité homme-femme a été déclarée grande cause du quinquennat par Emmanuel Macron. » Reste que le budget dédié au ministère de l’égalité homme-femme représente seulement 0,006% du budget total de l’Etat.

Reconnaître le viol conjugal, prendre conscience que ce n’est pas normal, le condamner, ou alors ne pas banaliser les agressions sexuelles sont autant d’évolutions possibles de la culture du viol. Continuer de penser comme 61% des Français et 65% des Françaises*, que les hommes ont plus de mal à maîtriser leur pulsions sexuelles, et que la victime peut avoir une part de responsabilité dans son viol, sont autant de régressions de ce même schéma.

 

*Données Ipsos

** Chiffres du gouvernement